TDAH: Le mépris des autodiagnostics.

(Cet article, comme tous les autres articles de ce blog, est écrit par une personne concernée par le TDAH. Je ne suis pas psychiatre ni neuropsy. Juste une personne avec un TDAH diagnostiquée sur le tard. Chacun de mes propos n'engage que mon opinion subjective. Et aujourd'hui, j'ai envie de pousser un coup de gueule. )

Je lis constamment: "Les autodiagnostics de TDAH et HPI, c'est saoulant sérieux !"
Ou encore: "Ils veulent se rendre intéressants!" 
"Les réseaux sociaux diffusent de fausses infos sur le TDAH".
Certaines figures publics qui ont énormément de followers en rajoutent aussi une couche. 

Oui, on parle énormément du TDAH et oui, c'est une très bonne chose. 
Malheureusement, comme tout sujet mis en avant, il fait aussi le lit des dérives (il n'y a qu'à voir les pubs pour le safran). Mais j'aimerais surtout m'attarder sur ce que disent les personnes en général.

Qu'est-ce qui se cache derrière ce mépris?

Le validisme
Les personnes non concernées sont parfois celles qui la ramènent le plus. 
On parle d'un trouble qui impacte significativement la santé mentale des personnes concernées et qui est un réel handicap, et ces personnes-là, soudain expertes sur le sujet, minimisent voire invalident la réalité du TDAH.

Mais il arrive aussi que des personnes diagnostiquées critiquent elles-mêmes les autodiagnostics. Pourquoi? Je n'ai aucune réponse. Je ne peux qu'émettre une opinion: peut-être ne supportent-elles pas qu'il y ait des gens qui ont accès aux informations plus vite et mieux qu'elles ne pouvaient y avoir accès autrefois et qu'elles jalousent leur capacité à se connaître ? Parce qu'une jeune personne de 20 ans qui comprend très vite qu'elle a un TDAH, ça peut put-être emmerder la personne de 40 ans qui s'est faite diagnostiquée beaucoup plus tard qu'elle. 

L'ignorance
Ce que pléthores de gens ignorent c'est que le diagnostic du TDAH est un parcours du combattant.
Les psychiatres spécialisés sur le TDAH, il y en a très peu en France. 
On ne peut pas choisir quelqu'un au hasard, car il y a encore des psychiatres qui nient l'existence des troubles du neurodéveloppement. Alors imaginez prendre RDV avec un ou une psychiatre lambda, et s'entendre dire: 
"Tout ça c'est une mode. Vous n'avez pas de TDAH, vous avez réussi vos études. Vous n'avez pas de TDAH, vus êtes à l'heure pour notre RDV", et ça c'est la version soft.
Trouver des psys spécialisés est extrêmement difficile. 
Le mien, je l'ai trouvé à force de recherches et grâce aux réseaux sociaux. 
Temps d'attente pour le consulter? Trois mois. 
Et j'étais en crise suicidaire à ce moment-là.
Aujourd'hui, c'est 6 mois d'attente pour les nouveaux patients qui souhaitent le consulter.
Les psychiatres, selon les mutuels, sont partiellement remboursés. 
Dans le public (donc gratuit), c'est deux ans d'attente.
Un ou une neuropsychologue? Il est possible de faire un bilan neuropsy mais il coûtera entre 300 et 600€. Pour autant, le bilan neuropsy seul ne suffira pas. Les neuropsychologues peuvent évaluer, mais seul un psychiatre peut poser le diagnostic officiel.

Moi, j'y suis arrivée. Mais il m'a fallu quatre ans de démarches entre mon autodiag et mon diagnostic.
Et encore, je ne me suis même pas présentée auprès de mon psychiatre en disant: 
"J'ai un TDAH", mais "Je suis là parce que j'ai depuis quatre ans de fort soupçons sur un TDAH". 

Quand on voit des jeunes galérer, et s'autodiag, la chose qui devrait nous venir à l'esprit, ça n'est certainement pas de leur cracher dessus. Mais de leur dire: "Tu t'en sors dans les démarches? Tu as besoin d'un coup de main?"

S'il vous plait, plutôt que de mépriser les personnes qui sont en totale errance médicale, jugez plutôt le manque d'accompagnement, dont ces personnes souffrent, parce que toute cela ne les aide pas à pousser la porte d'un cabinet. 
Et n’oubliez pas : tout le monde n’a pas les moyens de s’endetter pour sa santé mentale. 
Aujourd’hui encore, prendre soin de soi reste un privilège réservé à une partie de la population. 
Et, comme toujours, ce sont les mêmes qu’on néglige et qu’on préfère blâmer.