TDAH : après le diagnostic, en parler ou pas ?
Quand on reçoit un diagnostic tardif de TDAH, il n’est pas inintéressant de se poser cette question : j’en parle ou je n’en parle pas ? Avec les proches, les amis, cela semble aller de soi ! C'est essentiel que notre entourage sache, au minimum, ce qu’est ce trouble qui régit notre vie, pour ensuite agir en conséquence. Ma première pensée, après le diagnostic, a d’ailleurs été :
« Maintenant, c’est aux autres de s’adapter. »
Quand on connaît le travail de suradaptation que les personnes avec TDAH savent fournir, et le prix que cela leur coûte, c’est une pensée qui vient naturellement !
Mais dans le cadre professionnel, ou lors de nouvelles rencontres, qu’en est-il ? Faut-il en parler ou se taire ? Vaut-il mieux cacher son TDAH et poursuivre le même processus de masking et de suradaptation quand on sait toutes les conséquences psychologiques désastreuses que cela implique ?
À ces questions, il n’existe pas de réponse évidente ni de solution simple.
C’est pourquoi je n’apporterai ici que mon point de vue personnel et purement subjectif. Je vous remercie donc, en lisant cet article, de le prendre pour ce qu’il est : le récit intime d’une personne concernée par le TDAH.
Je n’ai pas traversé trente-sept ans d’errance et de difficultés pour obtenir enfin un diagnostic si c’est, ensuite, pour continuer à cacher ce TDAH.
J’ai fait le choix de me présenter, à chaque nouvelle rencontre, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, comme une personne ayant un TDAH.
J’en parle au moment opportun, quand ça peut s’insérer dans la conversation.
Mon TDAH fait partie intégrante de moi, de mon identité, et le passer sous silence me semblerait aussi absurde que d’essayer de cacher des tics visibles. Alors autant mettre les choses sur la table.
On ne cache généralement pas qu’on est malade, on ne cache pas qu’on souffre d’une affection particulière : je ne vois pas pourquoi j’irais taire mon TDAH.
Pour autant, celles et ceux qui choisissent de le cacher ont, malheureusement, de bonnes raisons de le faire. Le TDAH, comme de nombreux troubles psychiques, reste très stigmatisé et continue de rendre compliqué l’accès à l’emploi. Même si, ces vingt dernières années, notre société a fait des progrès sur la question de la santé mentale, on est encore loin d’une véritable inclusion. La santé mentale fait peur, et les clichés à son sujet ont malheureusement encore de beaux jours devant eux.
Pourtant, il y a une richesse à accueillir chez les personnes ayant un TDAH.
Beaucoup d’entre nous se reconnaissent dans certains traits : on est souvent dynamiques, créatifs, sincères, parfois audacieux. On ne manque pas de courage. Certes, on ne maîtrise pas tous les codes sociaux de convenance, mais on est authentiques, on est loyaux et capables de grande dévotion. On a du mal à faire semblant.
Croiser notre route, c’est la garantie que vous en ressortirez touchés.
Si vous prenez la peine de regarder le monde à travers nos yeux, vous verrez comme on sait nous émerveiller d’un détail insignifiant, d’un petit rien. On peut vous montrer ce que vous ne remarquez pas, vous faire réfléchir à des subtilités que vous n’auriez sans doute jamais envisagées.
Alors oui, on est parfois instables, parfois imprévisibles, mais on reste fiables. On a le goût du juste, et un sens aigu de la droiture.
Oui, le TDAH nous fait souffrir. Oui, c’est un handicap. Oui, cela peut faire peur d’entendre parler d’un trouble qu’on ne connaît pas.
Mais non, continuer à nous demander de faire semblant, d’effacer ce handicap, n’est pas une solution. C'est une bombe à retardement. Si, au contraire, vous preniez le temps de nous écouter, de nous demander comment on fonctionne, comment on ressent, comment on aime, comment on analyse ou résout un problème… Si vous acceptiez simplement que chaque être humain porte sa propre diversité et qu’il n’existe pas une seule et unique manière de faire et d'être, alors vous verriez à quel point on pourrait aller loin ensemble.
Je ne vous cacherai pas mon TDAH. Parce que je n'en ai pas honte. Parce que le TDAH n'est ni une honte, ni une fierté. C'est un élément significatif de ma vie qui m'a amenée à définir la singularité de ma personne. Oui, le TDAH peut être synonyme de chaos. Mais le chaos que nous vivons n'est que la résultante d'un mauvais accompagnement, de facteurs environnementaux qui ne prennent pas en compte sa singularité. Alors que si l'on écoute, si l'on tend la main, si l'on décide d'être curieux, alors la personne avec TDAH apportera sa productivité et l'essence même de son savoir-être.
On a peur de ce que l'on connait pas. Si on prend le temps de connaître et d'apprendre, on réalise que la peur n'a absolument pas lieu d'être.
Réjouissons-nous d'être à une époque où l'on se rend enfin compte de la diversité des êtres. Rien est linéaire, encore une fois.
Chacun a sa singularité qui le ou la rend unique.
Et vous? Qu'est-ce qui vous rend unique?
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