Le TDAH n'est pas sans H.



C
’est une question qui commence à me titiller, car je la vois encore circuler sur les réseaux sociaux et même dans la vie, la vraie. Certaines personnes continuent de véhiculer le cliché d’une distinction entre TDA et TDAH, et il faut que je vous explique en quoi cela pose problème.

On employait le terme TDA pour parler des personnes qui ont un TDAH à prédominance inattentive, en excluant l'hyperactivité. C'est comme ça que l'on pouvait d'ailleurs distinguer les TDAH à prédominance inattentive des TDAH à prédominance hyperactive. Le fait est qu’on s’est aperçus que le H ne peut pas être exclu. Si l'hyperactivité n'est pas physique, il y a deux possibilités : elle est soit mentale, soit masquée, soit dissimulée, compensée.
Prenons l'exemple des petites filles TDAH. Souvent perçues comme rêveuses, dans leur bulle, elles ne font pas de vagues, on ne les entend pas. Elles ont pourtant un TDAH. C'est comme ça que beaucoup de diagnostics chez les filles passent à la trappe. Mais rappelons aussi que filles et garçons sont malheureusement éduqués à ne pas avoir les mêmes manières d’occuper l’espace. Si un garçon a tout le loisir d’investir son environnement, la fille, elle, va être éduquée à être dans la douceur, la discrétion. Elle ne prendra pas de place, parce qu'elle a bien compris qu’il ne faut pas qu’elle en prenne, ni même qu’elle se fasse remarquer.
J'ai été cette gamine inattentive et rêveuse. Quand je parlais très fort, on me disait que j'étais exubérante et que ça ne se faisait pas pour une petite fille. J'étais hyperactive, et ça a tellement été sanctionné que j'ai appris à ne plus l'être. Parce qu'à force de m'entendre dire que je n'étais pas tenable, pas raisonnable et très immature de gigoter dans tous les sens, j'ai fini par compenser.
Mon hyperactivité était aussi bien mentale que physique et je l'ai rabattue sur le mental.

Aujourd'hui, le DSM-5 emploie le terme TDAH pour tout le monde, sans renier les profils types. On parlera donc de TDAH à prédominance inattentive, TDAH à prédominance hyperactive ou TDAH de type mixte. Mais dans ce cas, pourquoi certains s’obstinent-ils à parler encore de TDA ?

Voici ce que j'ai vu hier sur Facebook, dans le fil d'actu d'une psychopédagogue:

Cette image est ultra problématique parce que du côté du TDA, elle exclut tous les autres symptômes du TDAH.
Elle entretient l'idée fausse qu’il existe un TDA totalement distinct du TDAH, alors que scientifiquement, seul le TDAH (avec ou sans hyperactivité visible) existe dans les classifications modernes.
Elle minimise et invisibilise l’hyperactivité interne, en laissant croire qu’il n’existe qu’un profil “calme” ; ça contribue à des diagnostics manqués, notamment chez les filles ou les personnes compensant leur hyperactivité mentale.
Elle peut induire en erreur le public et les professionnels, et ça peut renforcer la stigmatisation ou l’incompréhension de la diversité des manifestations du TDAH.

En définitive, il est crucial de comprendre que le TDAH est un trouble unique qui regroupe des profils variés, où l’hyperactivité, qu’elle soit visible, mentale ou masquée, fait toujours partie intégrante du tableau clinique. 
À l'heure où le grand public a encore du mal à saisir que le TDAH est un vrai trouble, se bagarrer pour maintenir un terme invalide ne fera que renforcer cette incompréhension.


Pour aller plus loin:

Trouble du Neurodéveloppement: HAS - Haute Autorité de Santé

TDAH, Manuel MSD




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